Raül Refree

Première européenne (hors Espagne)

Le compositeur, musicien et producteur barcelonais Raül Refree a suivi un parcours qui fait de lui une figure artistique singulière, au croisement des musiques populaires, traditionnelles, classiques et avant-gardistes. Un profil rare et cher aux Trans Musicales, dans la lignée de quelques autres inclassables précédemment programmés sur le festival, tels que Yann Tiersen, Moondog ou Olivier Mellano (les deux derniers aussi sur la scène de l’Opéra).

Depuis ses débuts dans le milieu rock underground espagnol des années 1990 jusqu’à ses récentes co-créations d’albums avec Rosalía, Rocío Márquez, Niño de Elche, Rodrigo Cuevas, Lina ou Guitarricadelafuente, Refree s’est peu à peu affirmé par la maîtrise de différents langages musicaux. Pour créer el espacio entre (“l’espace entre”), l’artiste est parti de la composition de musique de film et notamment de sa bande-son du ciné-concert du film muet La aldea maldita (Florián Rey, 1930). C’est dans le sujet même de ce film qu’émerge le concept de el espacio entre : cette musique « explore la perte, le vide qui sépare ce que nous avons été de ce que nous sommes ».

L’œuvre ainsi créée au moyen de guitares, piano, luth, marimba et bruits d’interférences radio fait entendre une richesse de timbres et de textures qui renforce le pouvoir d’évocation visuelle de cette musique. Les voix y ont aussi une place de choix puisque pour plusieurs morceaux, Raül Refree fait enregistrer un madrigal de Monteverdi à un soprano, pour ensuite le déconstruire, le distordre puis le recomposer et ainsi faire chanter le spectre d’une âme perdue évoquant les fantômes du compositeur anglais Matt Elliott. Une œuvre atmosphérique, intimiste, et poétique.