2008

EDITO

Sincèrement, une telle idée vous a vraiment effleuré l’esprit ? Vous avez réellement pensé un instant que les Trans allaient déroger à leur philosophie pour fêter leur trentième édition ? Au contraire : il n’est pas plus belle occasion qu’un anniversaire pour rappeler sa raison d’être, défendre, envers et contre tout (la morosité, la médiocrité, la frilosité), 
ses principes. Pour continuer de faire souffler sur un univers malmené 
un vent d’inventivité et de rébellion. Les Trans l’avaient annoncé dès leur première édition, en juin 1979 : “Notre intention est de défendre, de diffuser une autre idée de la musique que celle dont on cherche à gaver le public”. Oui, c’est vrai. Depuis cette époque où il restait encore tant à inventer,
les choses ont bien changé, l’accès aux artistes s’est démocratisé – de la multiplication des concerts à l’avènement d’Internet. Pourtant, les mauvais réflexes restent les mêmes, et cette fâcheuse manie de privilégier la facilité est encore (trop) bien ancrée.
Mais les Trans sont têtues et se refusent à enfreindre leurs idéaux, privilégiant la remise en question et le frisson de l’inconnu. Alors, quand l’époque se complaît dans la nostalgie, elles ne pouvaient se permettre de pratiquer l’onanisme. Il y a trop à faire avec le présent pour se pencher sur son passé. Un présent excitant, enivrant, où les groupes viennent de contrées insoupçonnées. Où l’on trouve des affinités entre les îles Féroé et celle d’Ouessant, où les Penelopes tombent dans les bras de Morpheus, où une chanteuse anglaise rêve du New York de Lou Reed, où les secousses électroniques se font ressentir jusqu’à Malte. Quand beaucoup s’échappent dans la banalité du quotidien, les Trans font une nouvelle fois un pari d’ailleurs. Un ailleurs où les frontières n’existent plus. Un ailleurs qui vous tend les bras. Alors, sincèrement, vous vous demandez encore quel cadeau vous pourriez quand même apporter ? Votre présence suffira amplement.
Christophe BASTERRA