2011

EDITO

Ces derniers temps, sous les efforts conjugués de certains musiciens disséminés aux quatre coins de la planète, les frontières s’estompent, les époques se confondent, les genres s’enchevêtrent. Le passé devient présent, qui lui-même se conjugue au futur. Derrière des platines ou avec des machines, à l’aide d’instruments modernes ou vintage, ces gens-là se réapproprient un idiome en perpétuelle (r)évolution. De Rennes à Reykjavik, de Mexico à Paris, de Barcelone à Bergen, de Los Angeles à Londres, de Clermont-Ferrand à Glasgow, certains chamboulent donc
les notions géographiques et mélodiques, bousculent les certitudes, et suscitent l’enthousiasme. Oui, il est bien possible de sortir des sentiers battus, d’offrir une alternative au ronronnement ambiant – cette même mission, jugée par certains impossible, que les Rencontres Trans Musicales s’efforcent de remplir depuis plus de trois décennies.
Avec les nouvelles technologies, les nouveaux espaces et moyens de distribution, il faut plus que jamais être à l’affût, cliquer, voyager – au propre comme au figuré –, ne pas tenir compte des idées reçues pour mieux prendre le contre-pied de l’uniformisation qui gagne tant de domaines – artistiques ou autres. Les musiques ont beau se spécialiser, se multiplier, elles peuvent toutes prétendre à une dimension universelle, qu’elles se nomment dub step ou rock garage, grime et reggae, hip-hop ou folk, pour peu qu’on prenne le temps de s’y intéresser. De cultiver sa curiosité.
Parce que les Trans restent plus que jamais fidèles à leur philosophie première, elles sont un creuset idoine pour rendre compte de cette exubérance mélodique et chamarrée, et mettent un point d’honneur à remplir leur rôle de têtes chercheuses animées par un esprit frondeur, balayant d’un revers de main cette monotonie qui guette un milieu parfois trop frileux. Aujourd’hui, et plus que jamais, les Rencontres Trans Musicales se doivent de témoigner de cette effervescence et de raconter cette histoire rocambolesque et enivrante dont la première page fut noircie en 1979.
Et dont s’écrit maintenant le 33ème chapitre. Sous vos yeux et pour vos oreilles.
Christophe BASTERRA